Il y a quelques temps, notre fil FB fut envahi de "bœufs barbus" qui nous étaient inconnus. Et pourtant, on a une culture impressionnante sur les bœufs barbus, on le jure ! Mais les Vikings nous manquaient.
Nos amis parlaient avec enthousiasme de cette nouvelle série télévisée, Vikings. Mais on continuait à ignorer ce sujet parce qu'on était têtu et que l'on avait, pensait t'on, mieux à faire ! Quelle erreur !
Cependant, on a finalement regardé Vikings. En toute honnêteté, c'est la série qui nous a le plus fascinés. La cinématographie est un chef-d'œuvre, la musique est spectaculaire (elle commence avec la chanson thème et culmine avec Wardruna). Les personnages sont complexes, fascinants, donnent envie de savoir ce qui va se passer ensuite : quels sont les développements ...
De jolis personnages, d'accord ! Mais surtout il y a une dose de folie qui suffit à faire surchauffer votre ordinateur ou votre télé !
Quand on a commencé à regarder les Vikings, on est devenu fou d'amour pour ces combattants Scandinaves. Et maintenant on frémit d'impatience en attendant les futures péripéties Nordiques.
Qu'est-ce que les Vikings ? (A part les pectoraux de Rollo, bien sûr) (qui, vous en conviendrez avec moi, ne peuvent jamais avoir assez d'espace).
Cela raconte les aventures de Ragnar Lothbrok, chef des Vikings, et de son peuple. Dont plusieurs fils, dont on citera un couple : Ubbe et Ivar, appelé "Désossé" parce qu'il est né avec une malformation aux jambes. Il y a une base historique mais très vague. En fait, les deux sont des mômes et ils le sont restés, pour l'instant.
Fin du préambule.
Il y a quelques semaines, on m'a parlé avec insistance d'une nouvelle série télévisée, "The Last Kingdom", basée sur la série de romans de Bernard Cornwell, "The Saxon Chronicles". Elle commence par "The Last King" et sa couverture hideuse avec un dragon, avec des problèmes aux yeux.
Le protagoniste de la série est Uthred, un noble saxon (fils d'Uthred et frère d'un autre Uthred dont il assume le nom-titre à sa mort) qui, suite à une incursion danoise dans les terres de Bebbanburg, est adopté par un chef viking. Ce dernier est impressionné par le courage fou du garçon qui tente de le tuer pour venger son père. Suivent alors des sièges, des batailles ...
Quel est le nom de ce dirigeant ? Ragnar. Et les deux seigneurs de guerre avec lesquels il part ? Ubba et Ivar, appelés les Désossés (comme le poulet), frères et fils d'un certain Lothbrok.
Déjà ici, vous pouvez voir que, pour ceux qui, comme nous, ont lu le livre après avoir regardé Vikings, les choses commencent à se compliquer. Dès que l'on a réalisé que les événements des deux œuvres se chevaucheraient au moins partiellement (et en fait, de nombreux endroits se retrouvent dans les deux, comme le monastère de Lindisfarme, ainsi que de nombreux personnages, dont le roi Aelle), on a compris que l'on ne pourrais jamais évaluer objectivement l'intrigue.
Mais on va quand même essayer, aussi parce que l'intrigue est l'une des rares choses qui valent la peine de lire "Le dernier roi".
On s'excuse auprès des fans, qui sont nombreux, mais Cornwell écrit mal. Il est erratique, très doué pour décrire les batailles et les scènes de guerre, mais totalement incapable d'infuser des informations dans le texte sans recourir à des pages et des pages d'infos atroces.
C'est le pire problème et on le retrouve dans "Le Roi d'hiver" : il faut faire connaître au lecteur un contexte important pour l'intrigue ? Parfait ! Pourquoi ne pas y glisser un Bob comme vous le savez, de la taille d'une maison ? Pourquoi ne pas faire raconter l'anecdote de manière scolaire par le figurant de passage, sur un ton complètement étranger au personnage et dans une situation improbable ? Un peu comme si soudain mon grand-père, entre un risotto et un autre, me racontait toute l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Avec les dates et les lieux et les mots "comme vous le savez".
Non.
Juste non.
Malheureusement, les personnages ne s'en sortent pas beaucoup mieux que cela. A part trois personnages à numéros, le personnage principal Uthred, le chef Ragnar et Brida, une fille saxonne qui a échappé à un massacre et a été adoptée par les Vikings, sauvage et brillante, tous les autres disparaissent en quelque sorte dans le décor.
Des gens décrits comme intelligents ou cruels mais qui ne sont jamais montrés en train de faire quelque chose qui mérite cette appellation. Une myriade de figurants qui vont et viennent sans laisser de trace émotionnelle. Triste sort qui touche aussi Brida (on l'a pris personnellement car on aime beaucoup Brida, même si on crains que l'auteur ne recycle trop souvent le type de personnage) : Présenté comme un pivot, le grand ami d'Uthred et sa première femme (bien que la scène où elle, à peine âgée de treize ans, avorte son premier enfant parvienne à être presque risible tant elle est guindée et immédiatement oubliée par tous les acteurs), à un moment donné pouf, elle est partie pour une demi-douzaine de chapitres et quand elle revient elle ne fait absolument rien.
Utilité de ce choix pour l'intrigue : aucune.
Alors pourquoi a t'on continué à le lire ? Pourquoi a t'on commencé un autre roman de Cornwell si celui-ci était objectivement médiocre ?
Parce qu'on a aimé ça. Malgré la myriade de défauts dont Cornwell connaît l'histoire, elle peut recréer des décors crédibles et une atmosphère profondément médiévale qui attire. Et puis, on voulait voir aussi si Uthred devenait un fil "moins pirate" que ça.
On tombe toujours dans le panneau ! Que ce soit un livre, un film ou une série télévisée, si c'est "en costume", on ne peux pas dire non !
On est même tombé dans la série de la BBC "The Last Kingdom".
Alors, partons d'une hypothèse : le livre fait environ trois cents pages. Le premier volet de la série, d'une durée d'environ une heure, couvre intégralement les événements du premier tome.
Lorsque quelque chose comme cela se produit, des dizaines et des dizaines de chapitres réduits à une heure minable sur vidéo, il y a deux cas :
- l'histoire originale est partout et le superflu a été supprimé à juste titre ;
- la transposition est mal faite !
Cette fois-ci, miracule, les deux éventualités se sont produites en même temps !
Le livre est en effet une séquence continue de gens qui se battent sans relâche, sans secousses particulières (il n'y a pas de Bataille finale de la mort, ils sont tous traités un peu dans le même esprit) et le fait de les découper de façon compréhensible a servi le but du rendu télévisuel.
Il est dommage qu'une telle performance soit aussi excitante que la semoule. C'est dommage car les prémisses étaient toutes là : Matthew McFayden en Uther senior, Rutger Auer en vieux Ravn aveugle. Des acteurs, des gros bonnets, la perspective de plus de bouvillons !
Mais ils ont choisi un protagoniste faible et sans charisme qui réussit à rendre même la scène dans laquelle il apparaît pour la première fois comme un adulte émergeant à moitié nu de l'eau avec un grand swissshshsh de longs cheveux noirs complètement peu attrayant.
Non, ça ne marche pas. On est désolé, tu n'es pas Rollo.
Même Brida, qui est un personnage potentiellement incendiaire à l'écran, est réduite à un intérêt amoureux du protagoniste, et plutôt fade en plus.
On ne pense pas que l'on va continuer à le regarder. On s'attendais à plus de pathos, à des performances plus passionnées et à des atmosphères plus sombres. On s'attendait ... à un autre Vikings !
Quel dommage, vraiment !