Un jour, lorsque Thor était parti dans les régions de l'Est, poursuivant sa guerre avec les Géants, il rencontrât un mystérieux passeur.

Thor l'appela. Le passeur l'appela à son tour, demandant qui était-il et ce qu'il faisait là, de l'autre coté de la rive. Thor répondit : "Si vous me faite traverser, je vous donnerai de la nourriture de mon panier. J'ai mangé des harengs et des gâteaux d'avoine avant de commencer mon voyage. Et même maintenant, je n'ai toujours pas faim".

Le passeur, qui a révélé plus tard que son nom était Harbard, répliqua par des railleries. Il ridiculisa Thor comme un vagabond aux pieds nus sans culotte. "Amenez votre bateau de ce côté", dit Thor ; "et dites-moi qui le possède". "Le propriétaire est Hildolf le Sage, de Radseysund", a répondu Harbard. "il vient de me donner l'ordre exprès de ne pas transporter des vagabonds et des voleurs de chevaux de l'autre côté de l'eau. Mais seulement des gens honnêtes que je connais moi-même. Eh bien, dites-moi votre nom si vous voulez traverser le son". Thor a dit avec grande fierté qui il était : "le fils d'Odin et le père de Magni" - et a menacé de faire payer Harbard pour son obstination s'il n'apportait pas le bateau. "Non, je vais rester ici et t'attendre", a déclaré M. Harbard. "et vous ne rencontrerez pas d'homme plus difficile à traiter que moi, maintenant que Hrungnir est mort". "Vous jugez bon de me rappeler Hrungnir et sa tête de pierre", répondit Thor, "et pourtant il s'est enfoncé sur terre sous mes coups.

"J'étais un compagnon de Fjölvar durant cinq hivers complets sur l'île d'Algrœn. Là, nous avons passé le temps à livrer bataille, en abattant des guerriers. Nous avons enduré de nombreuses épreuves, mais nous avons néanmoins gagné l'amour de sept sœurs. Avez-vous déjà fait la même chose, Thor ?"

"J'ai tué Thjazi et j'ai jeté ses yeux au ciel", rétorque Thor ; "Que dites-vous de cela ?" répondit Harbard : "Par des pratiques astucieuses, j'ai attiré les cavaliers noirs à quitter leurs maris. Lebard, il me semble, était un Géant. Il m'a fait cadeau d'une baguette magique, mais j'ai joué un faux tour afin que son esprit l'abandonne". "Un mauvais retour pour un bon cadeau", disait Thor.

"Un chêne gagne ce qui est pelé d'un autre. Chaque homme regarde le sien mais qu'avez-vous fait d'autre, Thor ? "J'ai envahi l'Est et mis à mort des géantes alors qu'elles se dirigeaient vers la montagnes. Dans le cas contraire, le nombre d'hommes à Midgard serait faible. Et vous Harbard ?"

"J'étais à Valland et j'ai pris ma part dans la bataille. J'ai lancé des œufs sur les héros mais je ne me suis jamais réconcilié avec eux. Odin appartient aux comtes qui tombent au combat, et Thor aux esclaves". "Vous rendrez une justice inégale parmi les Ases, si c'était en votre pouvoir". "Thor a beaucoup de force mais peu de courage ; craintif comme un lâche. Vous n'oserez pas faire le moindre bruit, ayant peur que le Géant vous entende".

"Harbard, le salaud que tu es ! Je te tuerais si seulement je pouvais traverser le son." "Pourquoi devrais-tu le faire ? Tu n'as aucune raison. As-tu fait autre chose qui mérite d'être mentionné ?"

"Une fois dans les royaumes de l'Est, alors que je montais la garde au fleuve, les fils de Svarang cherchèrent à me tuer. Ils me lancèrent des pierres, mais il ne sont pas parvenu à me tuer. Ils durent eux-mêmes intenter un procès pour obtenir la paix. Qu'avez-vous fait ?"

"J'étais moi aussi à l'est, et là, j'ai trifouillé avec une belle jeune fille qui ne refusait pas de me faire plaisir." "J'ai pris la vie de femmes Berserk sur l'île de Læsey ; elles n'avaient laissé aucune mauvaise action inachevée, et avaient privé les hommes de leurs sens par le biais de la sorcellerie." "Seul un faible, Thor, pouvait prendre la vie des femmes." "C'était des loups (des loups-garous), pas de vraies femmes ; ils ont brisé mon bateau alors qu'il était appuyé contre le rivage ; ils m'ont menacé avec des bandes de fer, et ont pétrit Thjalfi comme de la pâte. Que faisiez-vous pendant ce temps ?"

"J'étais parmi les hommes armés qui marchaient ici avec des étendards volants pour rougir leurs lances dans le sang." "C'est peut-être toi qui est venu nous proposer les conditions les plus mauvaises ?" demanda Thor. "Je t'offrirai en récompense des bracelets, autant qu'ils jugeront bon de choisir de nous réconcilier les uns avec les autres." "Qui t'a enseigné de telles paroles de mépris, comme je n'en ai jamais entendues auparavant ?" "Les hommes anciens qui habitent dans les monticules de la maison." "C'est un beau nom que vous donnez aux brouettes des morts. Pourtant, poursuit Thor, tes moqueries seront payantes si je traverse le fleuve. Aucun loup ne hurlera plus horriblement que toi si je ne te frappe qu'une fois avec mon marteau.

"Si elle reçoit la visite d'un homme, que vous pourriez vouloir rencontrer ; prouvez-y votre force, là où votre devoir l'exige". Thor dit alors que c'était un mensonge éhonté. Mais Harbard se vanta d'avoir retardé le voyage de retour de Thor. Et Thor a dû subir la justice de ses railleries. "Je n'aurais jamais dû croire", dit Harbard, "qu'un batelier serait capable d'entraver Asa-Thor dans ses voyages." "Je vais vous donner un conseil : faites traverser le bateau à la rame, et ne prononçons plus de mots."

"Laissez le son (rivière) si vous voulez, je ne vous ferai pas traverser." "Montre-moi le chemin, en tout cas", supplia Thor, "puisque tu ne m'aideras pas à traverser l'eau." C'est une trop petite faveur pour qu'on la refuse, répondit Harbard, mais le chemin est long : d'abord quelques pas vers "Stock" puis vers "Stone". Ensuite, prenez le premier virage à gauche jusqu'à Verland. Là, Fjorgyn rencontrera son fils et lui montrera la route du pays d'Odin.

"Puis-je finir le voyage aujourd'hui ?" "Avec du travail et des ennuis, vous pouvez atteindre la fin de votre voyage avant que le soleil ne coule, si je ne me trompe pas." "Nos pourparlers pourraient aussi bien s'arrêter, puisque vous ne faites rien d'autre que de chercher de nouvelles querelles. Mais vous paierez pour votre entêtement si jamais nous nous rencontrons à nouveau." "Allez où les Trolls peuvent vous mener !" dit Harbard en guise de conclusion.